L’hôtel aux criquets
L’hôtel aux criquets

L’hôtel aux criquets

L’hôtel aux criquets

Haut-lieu du tourisme du siècle passé

Laurentides (Quebec), Canada

Je vous rassure d’entrée de jeu, l’hôtel n’est nullement infesté d’une quelconque bestiole. Afin de prévenir le vandalisme, je tairai son nom et sa localisation, préférant plutôt lui accoler ce surnom en hommage aux nombreuses piles des détecteurs de fumées qui se faisaient aller le « bip », laissant savoir à qui de droit que leur fin est proche.

Un peu à l’image de cet hôtel, d’ailleurs. Fort d’une riche histoire de plus de 75 ans où un roi et de puissants dirigeants du monde entier s’y rendaient à une époque où Mont-Tremblant n’occupait pas le monopole du tourisme haut de gamme, l’établissement n’a malheureusement plus aujourd’hui le lustre de ses beaux jours. C’est d’ailleurs par un froid matin d’hiver 2013 que les employés furent remerciés et que la vie s’arrêta nette dans ce vénérable établissement.

Il suffit d’une rapide ballade à l’intérieur pour voir les signes de sa soudaine fermeture. Un peu partout, on retrouve les traces de cet abandon fait à la sauvette. On découvre de la nourriture séchée et des bouteilles d’eau gazeuse dans les frigos, les éviers situés aux bars sont remplis de verres à cocktails où des fruits ont moisi et au sous-sol, les dernières bouteilles de la cave à vin continuent de vieillir à l’abri du jour...

Partout dans l’hôtel, le silence est lourd. Mis à part ces bruits stridents des détecteurs de fumées à l’étage des chambres, tout est calme. Rien à voir avec l’atmosphère qu’il devait y régner durant ses belles années.

En fait, à l’origine, lorsqu’on construisit l’hôtel en 1936, les grands moyens avaient été pris pour faire de l’endroit un incontournable de la région. Construit sur un terrain immense au pied des montagnes avoisinantes, on avait d’abord créé une digue afin d’élargir la rivière située derrière l’auberge afin d’en faire un lac. Ensuite, bien qu’il comptait une vingtaine de chambres à son ouverture, on tripla l’offre d’hébergement au bout de quelques années. En 1956, une cave à vin unique fut aménagée au sous-sol où une petite salle de réception fut décorée par un artiste de relève (à cette époque) du nom de… Frédéric Back, à qui on doit le film oscarisé L’homme qui plantait des arbres. De plus, de nombreuses visites en Europe du propriétaire donnèrent une touche européenne à l’hôtel qui fut réputé, entre autre, pour son restaurant maintes fois primé. Au fil des ans, on aménagea même une piste d’atterrissage pour les hélicoptères.

Mais voilà qu’en décembre 2013, l’établissement ferme définitivement ses portes. Depuis, deux femmes d’affaire se sont portées acquéreurs du site, la tête pleine de projets. Si ce n’était pas du stationnement vide, on pourrait presque croire l’hôtel encore occupé. À l’intérieur, bien que l’eau ait été coupée (par prévention), il y a toujours de l’électricité dans toutes les ailes et la vingtaine de caméras de surveillance dispersées autant à l’intérieur qu’à l’extérieur sont toujours à l’affût des rodeurs.

Pourtant, l’hôtel en est à ses derniers souffles. Alors que mettre l’établissement aux normes d’aujourd’hui coûteraient les yeux de la tête, l’avenir du bâtiment semble être voué à un combat perdu d’avance contre des pelles mécaniques et des bulldozers.

L’avenir

Ainsi, si l’avenir à court terme de la grande dame de bois doit passer par les pics des démolisseurs, c’est pour mieux se relever. Le site est immense et les possibilités nombreuses. Si la démolition est incontournable, la volonté de rendre ses lettres de noblesse à cette parcelle de paradis l’est tout autant. Bien que je ne connaisse pas personnellement ses propriétaires, je ne doute pas de leurs intentions d’y créer quelque chose de grand. Après tout, on n’achète pas un vieil hôtel avec plus de 150 000 acres de terrains dans le but de le laisser en friche.

L’échéancier dans tout ça? Quelques années, espèrent-t-elles aux dires du mari de l’une d’entre elles. D’ici là, beaucoup d’eau aura eu le temps de couler et… les criquets auront eu le temps de se taire définitivement.

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