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Les Gaspésiens sont incroyables

Les Gaspésiens sont incroyables. Photographier des maisons abandonnées avec des autorisations est d'une facilité déconcertante. Tout le monde se connait et rejoindre les propriétaires par téléphone ou en personne se fait toujours en l'espace de quelques minutes.

C'est clair que la raison de ma présence en Gaspésie était une excellente entrée en matière (j'y étais pour du repérage en vue d'une émission de télé), mais au-delà de ça, la gentillesse de ces gens a de quoi détonner avec la méfiance (normale) des Montréalais.

Durant cette visite éclair de quelques jours, j'ai eu la chance de visiter plusieurs lieux incroyables que l'on ne retrouve pas ailleurs. Par exemple, j'ai photographié hier un vieux cinéma paroissial datant des années 20 où un bénévole y engouffre tout son temps et son énergie afin de le conserver face à une ville qui n'y trouve ni l'argent ni l'intérêt de le mettre en valeur. Un peu plus loin, une école fermée en 1996 devenu un entrepôt/bazar où le propriétaire achète tout (et quand je dis tout, c'est vraiment tout) afin de le revendre durant les week-ends. Lors de ma visite, un huissier est d'ailleurs venu le voir afin de palper son intérêt à racheter le contenu d'une maison saisie par la banque. Bref, le genre d'endroit à ce point rempli que s'entasse à l'arrière du bâtiment ce qui ne peut être rentré, faute de place. Ah oui, il a aussi une grange à la maison où se trouve son surplus...

Ce même propriétaire entretient également la maison d'une vieille dame retournée vivre en Angleterre, laissant derrière une propriété figée dans le temps. L'intérieur est d'une beauté sans nom. Entre cette petite pièce à la tapisserie en velours où se trouve un petit orgue avec une octave(ou deux) en moins et ce salon où un antiquaire vendrait sa mère pour en acheter le contenu, c'était un véritable bonheur d'y faire quelques photos.

Et ça, ce n'était que le premier jour.

Le lendemain, après quelques heures de route, je me suis retrouvé dans une petite ville de la Baie des Chaleurs à y photographier une vieille forge où le propriétaire, du haut de sa soixantaine avancée, m'a fait un véritable cours 101 du travail de forgeron de l'époque de son père. J'ai même eu droit à un second cours typiquement gaspésien: comment faire cuire son homard de la BONNE façon; à savoir une tasse de sel par galon d'eau.

Un peu plus loin, j'ai pu accéder à un ancien magasin général datant d'avant 1900. Encore une fois, le propriétaire, un vieil anglophone d'une gentillesse déconcertante, m'a fait revivre sa jeunesse à travers ce vieux frigo au kérosène, ses étagères montant au plafond où il fallait jouer d'astuce  pour y grimper au sommet en passant par le second étage où se trouvaient encore de vieux vêtements datant d'une autre époque.

Il m'a même amené à quelques kilomètres de là dans une vieille église protestante aujourd'hui fermée où se trouve encore tous les meubles et accessoires. Seuls les dégâts au toit et les mouches mortes témoignent de l'abandon de l'endroit.

Et me voilà ce matin, à 5h sur le perron de mon gîte à y respirer cet air salin une dernière fois avant de reprendre la route pour la maison. Quatre jours pour ce contrat, c'est définitivement trop court. Je vais devoir trouver les arguments pour me refaire ça! Fort heureusement pour moi, ils sont très contents du résultat.

Entre-temps, les bateaux de pêche rentrent au port. Je crois que je vais aller chercher  deux homards fraichement pêchés pour ma blonde et ma fille...

Gaspésie: un travail à saveur de hobby

Gaspésie

C'est le genre de contrat qui ne se refuse pas. Lorsqu'on vous propose d'être payé pour faire ce que vous aimez le plus, la moindre des choses, c'est de dire oui. C'est ce qui m'est arrivé. Un contrat de deux semaines à faire du repérage de lieux abandonnés pour un tournage télé.

Comme les lieux aux alentours de Montréal sont hyper sollicités, il fallait donc chercher plus loin afin de trouver ce qui est recherché. Cela explique donc pourquoi aujourd'hui, je me retrouve en Gaspésie à la recherche du St-Graal.

Le deal est simple et honnête. Je cherche pour eux, mais je photographie pour moi. Ils profitent de mes photos pour confirmer ou infirmer si tel ou tel lieu convient, mais pour le reste, je reste propriétaire de mes photos. Le meilleur des mondes.

Je suis donc parti hier pour Gaspé où j'avais réservé mon premier gîte. La route fut longue (10h), mais remplie de paysages merveilleux. Les maisons abandonnées ne manquent pas, bien que je me sois cogné à des portes barrées partout où je suis arrêté. Je suis même tombé sur une maison que je croyais abandonnée, mais qui ne l'était pas.

À certains endroits, je me suis retrouvé à faire du porte-à-porte pour m'informer auprès des voisins afin de connaître les proprios, tellement ces endroits semblaient prometteurs. Bon, les puristes diront que ce n'est plus de l'urbex (et ils ont raisons), mais le but demeure le même: faire des photos et éviter d'avoir à casser des carreaux pour entrer. Et comme la Gaspésie se trouve à 10 heures de route, je cherche davantage à rentabiliser mon déplacement qu'à urbexer à tout prix.

Via une auto-stoppeuse que j'ai embarqué et dont la destination était la même que moi, j'ai profité de ses connaissances de sa région afin d'obtenir quelques adresses que je pourrai exploiter cet après-midi.

Je dis cet après-midi, car pour ce qui est de ce matin, j'ai déjà un lieu fort prometteur à photographier.  Une ancienne salle de cinéma dans un petit village inaccessible en temps normal. Pour la petite histoire, il faut savoir qu'avant l'invention de la télévision aux débuts des années 1950, toutes les villes et les villages avaient leur salle de cinéma. Si vous avez déjà vu le film Cinéma Paradiso, vous savez de quoi je parle. Sinon, allez le voir! Ce film est génial.

Bref, si la grande majorité a été détruite ou fermée, il reste encore quelques petits bijoux à travers le pays. Et aujourd'hui, j'espère avoir trouvé l'un de ceux-là...

Je vous tiendrai au courant.

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